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NOTES

On leur reproche leur vanité nationale, et avec raison ; mais ils étaient si supérieurs à leurs voisins ; ils ont été même si supérieurs à tous les autres hommes, si l’on en excepte les Européens des deux derniers siècles, que jamais la vanité nationale n’a été plus pardonnable.

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GRÉGOIRE VII.


Sur sa canonisation[1].


Benoit XIII imagina, dans le dix-huitième siècle, de canoniser ce pape, ennemi des rois et de toute autorité séculière ; ce perturbateur de l’Europe, l’auteur de tant de guerres et de scandales, l’amant hypocrite, ou du moins le directeur très-indiscret de Mathilde, le séducteur qui avait abusé de son crédit sur sa pénitente pour se faire donner son patrimoine ; un homme, enfin, convaincu par ses propres lettres d’avoir commis un parjure et d’avoir fait de fausses prophéties, c’est-à-dire d’avoir été un insensé ou un fripon. Voilà les hommes que, dans le siècle où nous vivons, Rome met au nombre des saints ; et les prêtres de l’Église romaine osent encore parler de morale ! ils osent accuser de sédition ceux qui prennent la défense de l’humanité contre leurs prétentions séditieuses !

Le parlement de Paris voulut sévir contre cet attentat de Benoît XIII ; mais le cardinal de Fleury trahit,

  1. Voltaire, tome XVII, p. 42.