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NOTES


GRAINS.


Sur les lois relatives au commerce des grains[1].


Tout ministère fiscal et oppresseur se conforme nécessairement à l’opinion de la populace pour toutes les lois qui ne se rapportent point directement à l’intérêt du fisc. Il est également de l’intérêt des corps intermédiaires de flatter l’opinion populaire. Ces motifs, joints à l’ignorance, ont déterminé les mauvaises lois sur le commerce des blés ; et les mauvaises lois ont contribué à fortifier les préjugés. On croyait arrêter ce qu’on appelle monopole, et on empêchait les emmagasinements, qui sont le seul moyen de prévenir l’effet des mauvaises récoltes générales, et le commerce, dont l’activité peut seule remédier aux disettes locales. On croyait faire du bien au peuple, en faisant baisser les prix pour quelques instants et dans quelques villes ; cependant on décourageait la culture, et par conséquent on rendait la denrée plus rare, et dès lors constamment plus chère. De ce qu’en examinant les prix des marchés et l’abondance qui y règne, on peut, dans un commerce libre, juger de l’abondance réelle de la denrée, on croyait pouvoir en juger dans un commerce gêné par des règlements : de là l’usage de ces permissions particulières, le plus souvent achetées par des gens avides, et dont l’effet est toujours contraire au but qu’ont on disent avoir ceux qui les accordent.

  1. Voltaire, tome XXI, p. 226.