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SUR VOLTAIRE.


et chez d’autres nations. Pendant plus d’un siècle, il n’y a pas eu d’années où cette fête n’ait amené quelques émeutes ou quelques procès. A présent elle n’a plus d’autre effet que d’embarrasser les rues, et de nourrir dans le peuple le fanatisme et la superstition. En Flandre et à Aix en Provence, la procession est accompagnée de mascarades et de bouffonneries dignes de l’ancienne fête des fous. A Paris, il n’y a rien de curieux que des évolutions d’encensoirs assez plaisantes, et quelques enfants de la petite bourgeoisie, qui courent les rues, masqués en saints Jeans, en Madeleines, etc. Un des crimes qui ont conduit le chevalier de la Barre sur l’échafaud en 1766, était d’avoir passé, un jour de pluie, le chapeau sur la tête, à quelques pas d’une de ces processions.

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FÊTES [1].


Défendre à un homme de travailler pour faire subsister sa famille, est une barbarie ; punir un homme pour avoir travaillé, même sans nécessité, est une injustice. Les lois sur la célébration des fêtes sont un hommage rendu, par la puissance civile, à l’orgueil et au despotisme des prêtres. On prétend qu’il faut au peuple des jours de repos : mais pourquoi ne pas lui laisser la liberté de les choisir ? Pourquoi le forcer, à certains jours, de se livrer- à l’oisiveté, à la débauche, suite nécessaire de l’oisiveté d’un grand

  1. Voltaire, tome XXIX, p. 181.