de sa pièce que des critiques qu’elle avait essuyées,
alors elle enleva tous les suffrages, alors on sentit
toute la beauté du rôle de Vendôme, aussi amoureux
qu’Orosmane ; l’un, jaloux par la suite d’un caractère
impérieux ; l’autre, par l’excès de sa passion ;
l’un, tyrannique par l’impétuosité et la hauteur naturelle de son âme ; l’autre, par un malheur attaché à
l’habitude du pouvoir absolu. Orosmane, tendre,
désintéressé dans son amour, se rend coupable,
dans un moment de délire où le plonge une erreur
excusable, et s’en punit en s’immolant lui-même ;
Vendôme, plus personnel, appartenant à sa passion
plus qu’à sa maîtresse, forme, avec une fureur plus
tranquille, le projet de son crime, mais l’expie par
ses remords et par le sacrifice de son amour. L’un
montre les excès et les malheurs où la violence des
passions entraîne les âmes généreuses ; l’autre, ce que
peuvent le repentir et le sentiment de la vertu sur
les âmes fortes, mais abandonnées à leurs passions.
On prétend que le Temple du Goût nuisit beaucoup au succès d'Adélaïde. Dans cet ouvrage charmant, Voltaire jugeait les écrivains du siècle passé, et même quelques-uns de ses contemporains. Le temps a confirmé tous ses jugements ; mais alors ils parurent autant de sacrilèges. En observant cette intolérance littéraire, cette nécessité imposée à tout écrivain qui veut conserver son repos, de respecter les opinions établies sur le mérite d’un orateur ou d’un poëte ; cette fureur avec laquelle le public poursuit ceux qui osent, sur les objets même les plus indifférents, ne penser que d’après eux-mêmes, on