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SUR VOLTAIRE.


qu’on éprouve eu satisfaisant aux besoins de la nature, connaissent peu l’ennui.

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ESPÈCES.


Sur leur mélange[1].


Tout ce qu’on appelle l'homme doit être regardé comme de la même espèce, parce que toutes ces variétés produisent ensemble des métis, qui généralement sont féconds : tous apprennent à parler, et marchent naturellement sur deux pieds.

La différence entre l’homme et le singe est plus grande que celle du cheval à l’âne, mais plus petite que celle du cheval au taureau. Il pourrait donc exister des métis sortis du mélange de l’homme et du singe ; et comme les mulets, quoique inféconds en général, produisent cependant quelquefois, le hasard aurait pu faire naître et conserver une de ces espèces mitoyennes. Mais, dans l’état sauvage, les mélanges d’espèces sont si rares, et dans l’état civilisé ceux de ce génie seraient si odieux, et on serait obligé d’en cacher les suites avec tant de soin, que l’existence d’une de ces espèces nouvelles restera probablement toujours au rang des possibles.

On ne peut révoquer en doute qu’il n’existe des hommes très-blancs ayant la forme du visage, les cheveux des nègres ; mais on ne sait pas avec certitude si c’est une monstruosité dans l’espèce des

  1. Voltaire, tome XVIII, p. 285..