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NOTES


DOMINIS (ANTONIO DE) [1].


Antonio de Dominis fut une des plus illustres victimes de l’inquisition romaine. Il renonça à son archevêché, et se retira, vers 1603, en Angleterre, où il publia l'Histoire du concile de Trente de Fra-Paolo, son ami. Il s’occupa du projet de réconcilier les communions chrétiennes, projet qui fut celui d’un grand nombre d’esprits sages et amis de la paix, dans un siècle où les principes de la tolérance étaient inconnus. On trouva moyen de l’engager, en 1612, à retourner en Italie, en lui promettant qu’on se contenterait de la rétractation de quelques propositions soi-disant hérétiques, qu’on l’accusait d’avoir soutenues. Mais peu de temps après cette rétractation, on lui supposa d’autres crimes. Il fut mis au château Saint-Ange, où il mourut en 1625, âgé de 64 ans. Les inquisiteurs eurent la barbarie de le faire déterrer et de brûler son cadavre. Outre son ouvrage sur l’optique, il avait fait un livre intitulé De Republica christianià, qui fut brûlé avec lui. Ce livre fut condamné par la Sorbonne, parce qu’il contenait des principes de tolérance et des maximes favorables à l’indépendance des princes séculiers. Fra-Paolo, plus sage que l’archevêque de Spalatro, resta toute sa vie à Venise, où il n’avait du moins à craindre que les assassins. Peu de temps après, l’illustre Galilée, l’honneur de l’Italie, fut forcé de demander pardon d’avoir découvert de nouvelles preuves du mouvement de la terre, et traîné

  1. Voltaire, tome XXXI, p. 144.