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Sur Voltaire.

et détruire les couleurs dans les lunettes, en employant des lentilles composées de plusieurs verres de différente nature. Cette idée que l’on doit à M. Euler, a produit les lunettes achromatiques, que plusieurs artistes habiles ont portées à un très-grand degré de perfection. M. l’abbé Rochon a trouvé, en appliquant les lunettes aux prismes, des moyens de mesurer avec une grande précision le rapport de la force réfractive des différents milieux, avec leur force dispersive, précision nécessaire pour la théorie des lunettes et pour leur construction.

Il y a des substances qui ont une double réfraction, en sorte que les objets qu’on regarde à travers un prisme formé de ces substances, paraissent doubles. Tel est le cristal de roche, le cristal d’Islande ; et ces substances ont vraisemblablement cette propriété, parce qu’elles sont composées de lames hétérogènes placées les unes sur les autres ; du moins on produit le même phénomène avec des verres artificiels ainsi disposés. Cette double réfraction a été employée avec beaucoup de succès par M. l’abbé Rochon, à la mesure des petits angles. L’instrument qu’il a inventé pour cet objet est très-ingénieux, et donne ces mesures avec la plus grande précision. Il peut servir aussi à mesurer des distances, sans avoir besoin d’employer des bases d’une grande étendue.


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