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NOTES


rêt n'a pas changé ; mais il n’est pas plus raisonnable de reprocher à clés corps séculiers les crimes du fanatisme ou de la superstition, dont leurs prédécesseur se sont souillés, que de reprocher les excès de la Saint-Barthélemi aux descendants des Tavanes ou des Guise.

[1] Ce que nous avons dit dans la note précédente, peut s’appliquer ici : la Sorbonne agissait alors d’après les principes d’intolérance admis par tous les théologiens, d’après l’intérêt de l’autorité ecclésiastique, l’esprit général du clergé ; ainsi, tant qu’elle n’enseignera pas dans ses écoles que tout acte de violence temporelle exercé contre l’hérésie ou l’impiété est contraire à la justice, et par conséquent à la loi de Dieu ; tant qu’elle n’enseignera point que le clergé ne peut avoir d’autre juridiction que celle qu’il reçoit de la puissance séculière, et qui conserve le droit de l’en priver, on est en droit de croire que la Sorbonne a conservé ses principes d’intolérance et de révolte.

D’ailleurs il n’est que trop public qu’elle n’a point rougi d’avancer hautement, dans la censure de Bélisaire, et plus récemment dans celle de l'Histoire philosophique du commerce des deux Indes, les principes des assassins et des bourreaux du seizième siècle.

Ainsi, autant il serait injuste de reprocher aux parlements leurs arrêts contre Henri IV, autant est-il raisonnable de reprocher à la Sorbonne son décret

  1. Voltaire, tome XIX, p. 6.