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NOTES


procher à Colbert les retranchements des renies et une faible augmentation dans la valeur du marc d’argent.

M. de Voltaire trouva donc la réputation de Colbert établie, et il suivit l’opinion de son siècle : on ne peut lui en faire un reproche. Ce qui, dans un homme occupé d’études politiques, serait une preuve d’ignorance, ou d’un penchant secret pour des principes oppresseurs, n’est qu’une erreur très-pardonnable dans un écrivain qui a cru pouvoir s’en rapporter à l’opinion des hommes les plus éclairés de l’époque où il écrivait ; et lorsque c’est l’amour des arts, de la paix et de la tolérance qui a inspiré cette erreur, il y aurait de l’injustice à ne point la pardonner. Depuis ce temps, la science de l’administration a fait des progrès, ou plutôt elle a été créée, du moins en France ; et Colbert a été traité avec d’autant plus de sévérité, que l’enthousiasme avait été plus vif.

On aurait tort, sans doute, de lui reprocher d’avoir ignoré ce que personne ne savait de son temps. On doit louer son application au travail, son exactitude ; mais ni sa conduite envers Fouquet, ni les moyens ruineux qu’il employa pour soutenir, aux dépens du peuple, le faste de la cour, ni la dureté de ses règlements pour les manufactures, ni la barbarie du code des aides et des gabelles, ni ses opérations sur les monnaies, ni les retranchements des rentes ne peuvent être excusés.

On peut le regarder comme un homme habile, mais non comme un homme de génie ; ce nom ne