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SUR VOLTAIRE.


et moins encouragés. La marine tomba ; la première guerre qui suivit sa mort fut mêlée de revers, et la seconde fut malheureuse.

Enfin, plus Louvois était haï, plus Colbert, son rival, gagnait dans l’opinion ; sa conduite envers Fouquet fut presque oubliée ; on lui pardonna une fortune immense et le faste de sa maison de Sceaux, en les comparant à la fortune scandaleuse d’Émery, aux prodigalités de Fouquet, et aux richesses des traitants de la guerre de la succession.

A la mort de Louis XIV, la réputation de Colbert augmenta encore ; les principes de l’administration des finances, du commerce et des manufactures étaient inconnus ; et lorsqu’on commença en France à s’occuper de ces objets, ce fut pour adopter sur ces matières l’opinion de Colbert.

On se plaignait de n’avoir plus de marine, et sous lui la marine avait été florissante.

On regrettait la magnificence de la cour de Louis XIV ; on sentait les maux qu’avait causés la rigueur exercée contre les protestants, et l’on croyait que Colbert les avait protégés ; on était dégoûté de la guerre, et Colbert passait pour s’être opposé à la guerre

Les dépenses excessives qu’il faisait pendant la paix, pour satisfaire le goût de Louis XIV, paraissaient des moyens de faire fleurir, dans l’État, les arts de luxe, d’animer les manufactures, de rendre les étrangers tributaires de notre industrie.

Ce n’était pas après les opérations de Law et le haussement excessif des monnaies, qu’on pouvait re-