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SUR VOLTAIRE.


impôts, et de l’ordre dans les dépenses. Cet ordre n’était pas de l’économie : les citoyens étaient toujours vexés, mais les vexations étaient moins arbitraires : les grands, les propriétaires riches étaient ménagés ; le peuple souffrait seul ; el ses cris, étouffés par une administration vigilante et rigoureuse, n’étaient pas entendus au milieu des fêtes de la cour.

La France, depuis les malheurs de François Ier jusqu’à la paix des Pyrénées, avait été dans un état de trouble et de désastre : ses frontières, menacées et envahies, les guerres de religion, les guerres des grands contre Richelieu et Mazarin, la puissance des seigneurs dans les provinces ; toutes ces causes s’opposaient également à l’industrie du cultivateur et à celle de l’artisan. Personne n’osait et même ne pouvait faire d’avances, ni pour la culture, ni pour des entreprises de manufactures. Le commerce extérieur n’avait pu s’établir ; le commerce intérieur était languissant. On commença à respirer après la paix des Pyrénées ; les frontières étaient en sûreté ; la paix régnait dans l’intérieur des provinces.

L’autorité du roi ne souffrait plus de partage, et les vexations particulières cessèrent d’être à craindre. Plus la nation avait été épuisée, plus ses progrès durent être rapides ; et il était naturel qu’on attribuât à Colbert ce qui était l’ouvrage des circonstances.

Colbert parut avoir encouragé le commerce et les manufactures, parce qu’il fit beaucoup de lois sur ces objets, et qu’on lisait dans le préambule, qu’elles avaient pour objet de favoriser le commerce et les manufactures.