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SUR VOLTAIRE.


Louis XIV sur la prétendue puissance du malheureux surintendant. Il fut jugé par des commissaires. Séguier, son ennemi déclaré, fut un de ses juges, ainsi que Pussort, allié de Colbert. Le Tellier le persécutait avec violence. On disait alors : Le Tellier a plus d’envie que Fouquet soit pendu, mais Colbert a plus peur qu’il ne le soit pas. La commission ne prononça qu’un bannissement perpétuel ; ceux des juges qui, par leur fermeté, empêchèrent les autres d’aller plus loin, furent disgraciés ; et on obtint du roi que Fouquet, qui aurait pu, du fond de sa retraite, démasquer ses ennemis, serait mis dans une prison perpétuelle. C’est sous ces auspices que Colbert parvint au ministère.

Ses premières opérations furent la remise des arrérages des tailles. Le trésor ne sacrifiait, par cet arrangement, que ce qu’il ne pouvait espérer de recouvrer. A la vérité, on joignit à cette remise une diminution de tailles ; mais elle fut bientôt remplacée, et au delà, sous une autre forme.

On retrancha le quatrième des rentes, c’est-à-dire qu’on fit banqueroute d’un quart de ce que le roi devait aux rentiers.

Depuis cette époque, on compta les années de l’administration de Colbert par des impôts et par des emprunts. Il est vrai que l’on prétend qu’il s’opposa aux emprunts ; que même le premier président ayant proposé à Louis XIV un emprunt au lieu d’un impôt qu’il voulait établir, et le roi l’ayant accepté, Colbert dit au premier président : Vous venez d’ouvrir une pluie que vos petits-fils ne verront pas refer-