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NOTES


l’État, comme ceux de toutes les autres fonctions publiques, ou bien en laissant à la piété des fidèles le soin de pourvoir à leurs besoins, comme dans les premiers siècles de l’Église : mais tant que ce nouvel ordre ne sera point établi, n’est-il pas évident qu’il est plus raisonnable d’employer une abbaye à doter une fille ou à lever un régiment, qu’à enrichir un prêtre, un moine ou une religieuse ?

N’est-il pas étrange que la construction des églises et des presbytères, l’entretien des moines mendiants, les appointements des aumôniers des troupes et des vaisseaux, soient à la charge des peuples ; qu’un clergé d’une richesse immense ait recours, pour bâtir des églises, à la ressource honteuse des loteries ; qu’il se fasse payer de toutes les fonctions qu’il exerce ; qu’il vende pour douze ou quinze sous, à qui veut les acheter, les mérites infinis du corps et du sang de Jésus-Christ ?

Une partie des biens de l’Église a été destinée par les donateurs au soulagement des pauvres ; y aurait-il une meilleure manière de les soulager, que de vendre ces biens pour payer les dettes de l’État, et pouvoir abolir des impôts onéreux ?

Une autre partie a été donnée dans des vues d’instruction publique ; pourquoi donc ne doterait-on pas avec des abbayes, des établissements nécessaires pour l’éducation ? Pourquoi n’en donnerait-on pas aux académies, aux collèges de droit et de médecine ? Pourquoi ne récompenserait-on pas avec une abbaye, l’auteur d’un livre utile, d’une découverte importante, sans l’assujettir à la ridicule obligation de