bruit fut adopté avidement par les pénitents et le
reste de la populace de Toulouse. Fréron, dont la
plume était vendue à toutes les calomnies que l’esprit
de fanatisme avait intérêt d’accréditer, inséra
cette nouvelle dans ses feuilles périodiques. Il importait de la détruire, non-seulement pour l’honneur
de la famille de Calas, mais pour sauver celle
de Sirven, qui demandait alors justice contre un
jugement également ridicule et inique, que le fanatisme
avait inspiré à un juge imbécile.
Cette anecdote est une preuve de ce que le faux zèle ose se permettre, de la bassesse avec laquelle les insectes de la littérature se prêtent à ces infâmes manœuvres, de ce qu’enfin on aurait à craindre, même dans notre siècle, si le zèle éclairé qui anime les amis de l’humanité, pouvait cesser un moment d’avoir les yeux ouverts sur les crimes du fanatisme et les manœuvres de l’hypocrisie.
Nous avons cru devoir joindre ici cette déclaration aux autres pièces relatives à l’affaire de Calas : elle est également nécessaire, et pour compléter cette funeste histoire, et pour montrer que c’est moins à l’erreur personnelle des juges, qu’à l’atrocité de l’esprit persécuteur, qu’il faut attribuer le meurtre de ce père infortuné.
M. Jacques Cassini, mort en 1756, avait trouvé,
- ↑ Voltaire, tome LIII, p. 304.