Page:Condorcet - Œuvres, Didot, 1847, volume 4.djvu/379

Cette page n’a pas encore été corrigée
365
SUR VOLTAIRE.


peuples barbares. La science retardait les progrès de la raison. Cependant on sentit, aux états de Blois, que le roi, n’étant pas obligé d’assembler les états généraux à des époques fixes, et conservant dans l’intervalle le pouvoir de faire des lois, il devenait absolu, à moins que les états ne donnassent à des corps perpétuels le droit de refuser ou de modifier les édits. On choisit les corps qui, composés de seigneurs, de prêtres et de gradués, étaient une image en raccourci des trois états du royaume. Si les parlements opposaient de la résistance à des édits justes et utiles à la nation, le roi pouvait appeler de leur refus aux états généraux. On est trop éclairé maintenant, pour ne pas voir que ce système des états de Blois n’était propre qu’à faire de la France une aristocratie, gouvernement toujours d’autant plus tyrannique, que les membres de l’aristocratie sont moins considérables par eux-mêmes. Il était plus simple de rendre les états généraux périodiques, et de ne regarder comme loi que ce qui serait adopté par eux. Si le duc de Guise eût voulu le bien de l’État, il eût pu unie ce changement, mais il ne voulait qu’avilir Henri III, et flatter le parlement dont il croyait avoir besoin.

Séparateur


BOIS-GUILLEBERT [1].


Bois-Guillebert n’était pas un écrivain mépri-

  1. Voltaire, tome XXI, p. 221.