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SUR VOLTAIRE.


BIGAMIE [1].


Dans tout pays où la polygamie n'est point permise, la bigamie est un véritable délit, puisque le bigame commet un faux dans un acte public. Il trompe la femme qu’il épouse la seconde. C’est une action très-réfléchie : cette action doit donc être punie, mais c’est la superstition, c’est l’idée d’un sacrilège, de la profanation d’un sacrement, idée étrangère à l’ordre civil, qui a fait établir la peine de mort. C’est encore là une des barbaries qui tirent leur origine de la tribologie. Il n’y a pas longtemps qu’un grave magistrat proposa de faire brûler vive une hermaphrodite qui s’était mariée connue garçon, et que les médecins déclarèrent être une femme. Elle avait, disait-il, profané le sacrement de mariage.

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BILLETS [2].


Le crédit des billets ne peut être fondé que sur la confiance qu’ils peuvent, à volonté, être échangés pour de l’argent ; et cette confiance est fondée sur celle que la banque dont ils partent est en état de payer à chaque instant ceux qui seraient présentés. La confiance est donc précaire, lorsque la masse de ces billets surpasse la somme que cette banque peut rassembler en peu de temps. Les billets sont aux emprunts pour les États, ce que les billets à vue sont aux

  1. Voltaire, tome XXIX, p. 312.
  2. Voltaire, tome XXI, p. 237.