Page:Condorcet - Œuvres, Didot, 1847, volume 4.djvu/376

Cette page n’a pas encore été corrigée
362
NOTES

faiteur. Il comptait avoir un meilleur évêché, et il se trompa. On voyait alors des hommes qui avaient flatté Louis XV pendant sa vie, et qu’il avait comblés de biens, déchirer sa mémoire, et témoigner de sa mort une joie indécente. Les gens qu’on appelle philosophes, et que ce prince, trompé par la calomnie, avait plus laissé persécuter qu’il ne les avait encouragés, furent alors les seuls qui lui rendissent quelque justice. On leur reproche d’oser juger les rois pendant qu’ils règnent, mais ils savent les respecter, et durant leur vie, et même lorsqu’ils ont cessé de régner ; ils savent qu’il y a autant de bassesse à insulter un pouvoir qui n’est plus, qu’à flatter la main qu’on craint, ou dont on espère.

Séparateur


BERNARD (SAMUEL) [1].


Samuel Bernard était d’une vanité ridicule, comme la plupart des gens qui ont fait une fortune inespérée. On obtenait tout de lui en le flattant. Dans la guerre de la succession, il refusa son crédit à Desmarest. On le fit venir à Marly ; Louis XIV ordonna de lui en montrer toutes les beautés : on le mena sur le passage du roi, qui lui dit quelques mots. Après dîner, il dit à Desmarest : Monsieur, quand je devrais tout perdre, dites au roi que toute ma fortune est à lui.

  1. Voltaire, tome XIII, p. 20.
    Séparateur