que la croyance des fables religieuses est un frein salutaire pour la méchanceté humaine ; et, à la honte
de la raison, ce système a encore des partisans.
Quant aux philosophes qui nient l’existence d’un Être suprême, ou n’admettent qu’un Dieu indifférent aux actions des hommes, et ne punissant le crime que par ses suites naturelles, la crainte et les remords ; et aux sceptiques qui, laissant à l’écart ces questions insolubles et dès lors indifférentes, se sont bornés à enseigner une morale naturelle, ils ont été très-communs dans la Grèce, dans Rome ; et ils commencent à le devenir parmi nous. Mais ces philosophes ne sont pas dangereux. Le crime est une bête féroce que la religion enchaîne ou excite à son gré ; la raison seule peut l’étouffer dès sa naissance.
Observons cependant avec quel soin M. de Voltaire saisit toutes les occasions d’annoncer aux hommes un Dieu vengeur des crimes ; et apprenons à connaître la bonne foi des faiseurs de libelles, qui l’ont accusé de détruire les fondements de la morale, et qui l’ont fait croire à force de le répéter.
Il était ancien intendant de Soissons, homme fort instruit, mais si contredisant, que tout le monde le fuyait. C’est lui dont il est parlé dans les disputes de M. de Ruhlières.
- ↑ Voltaire, tome XIV, p. 318.