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SUR VOLTAIRE.


APOCALYPSE. [1]


Un savant moderne a prétendu prouver que la bêle de l’Apocalypse n’est autre chose que l’empereur Caligula. Le nombre 666 est la valeur numérale des lettres de son nom. Ce livre est, selon l’auteur, une prédiction des désordres du règne de Caligula, faite après coup, et à laquelle on ajouta des prédictions équivoques de la ruine de l’empire romain. Voilà par quelle raison les protestants, qui ont voulu trouver dans l’Apocalypse la puissance papale et sa destruction, ont rencontré quelques explications très-frappantes.

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ATHÉES [2].


Si l’on entend par athée un homme qui, rejetant toute religion particulière, ne connaît pas la religion naturelle, il y en a eu un grand nombre dans tous les temps. Ils ont été communs parmi les hommes puissants de tous les pays, et surtout parmi les prêtres de toutes les religions. Le monde a été sans interruption la proie de scélérats imbéciles qui croyaient tout, dirigés par des scélérats hypocrites qui ne croyaient rien. Cette espèce d’athéisme osa se montrer presque ouvertement en Italie vers le seizième siècle : c’est alors qu’on imagina d’ériger l’hypocrisie et le mensonge en système de morale, et d’établir

  1. Voltaire, tome XXXVII, p. 407.
  2. Voltaire, tome XVII, p. 215.