pas toujours celles qui soulèvent le moins les ennemis
de la nouveauté. Les petits esprits doivent être
plus frappés des petites choses. Cependant un style
noble, hardi, figuré, mais toujours naturel et vrai ;
un langage digne du vainqueur et des libérateurs du
monde ; la force et la grandeur des caractères, le
sens profond qui règne dans les discours de ces derniers
Romains, occupent et attachent les spectateurs
faits pour sentir ce mérite, les hommes qui ont dans
le cœur ou dans l’esprit quelque rapport avec ces
grands personnages, ceux qui aiment l’histoire, les
jeunes gens enfin encore pleins de ces objets que
l’éducation a mis sous leurs yeux.
Les tragédies historiques, comme Cinna, la Mort de Pompée, Brutus, Rome sauvée, le Triumvirat, de Voltaire, ne peuvent avoir l’intérêt du Cid, d’Iphigénie, de Zaïre ou de Mérope. Les passions douces et tendres du cœur humain ne pourraient s’y développer sans distraire du tableau historique qui en est le sujet ; les événements ne peuvent y être disposés avec la même liberté, pour les faire servir à l’effet théâtral. Le poëte y est bien moins maître des caractères. L’intérêt, qui est celui d’une nation ou d’une grande révolution, plutôt que celui d’un individu, est dès lors bien plus faible, parce qu’il dépend de sentiments moins personnels et moins énergiques.
Mais, loin de proscrire ce genre, comme plus froid, comme moins favorable au génie dramatique du poëte, il faudrait l’encourager, parce qu’il ouvre un champ vaste au génie poétique, qui peut y développer toutes les grandes vérités de la politique ;