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SUR VOLTAIRE.

Aussitôt les pénitents, les dévoies, le bas clergé, qui avaient eu quelques années auparavant la consolation de faite rouer l’innocent Calas, se mirent à crier haro sur l’abbé Andra. Il ne put résister à tant d’indignités. Il tomba malade et mourut. Cette mort fut un des grands chagrins que M. de Voltaire ait essuyés. Elle lui arrachait encore des larmes peu de jours avant sa mort. Depuis ce temps, on enseigne aux Toulousains l’histoire de Daniel ; ils y apprennent que leurs ancêtres étaient infâmes et détestables ; et il est défendu, sous peine d’un mandement, de leur dire que c’est aux dépouilles des comtes de Toulouse et des malheureux Albigeois que le clergé de Languedoc doit ses richesses et son crédit, qui n’est appuyé que sur ses richesses.

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ANGLAIS.


Sur la conduite que le zèle de la religion fait tenir aux Anglais [1].


Les Anglais, si dociles sous la maison de Tudor, firent une guerre opiniâtre à Charles Ier, par zèle de religion ; ils chassèrent Jacques II, son fils, sur le simple soupçon qu’il songeait à rétablir la religion romaine ; mais les circonstances avaient changé : Henri VIII éprouva peu de résistance, parce qu’il n’attaqua que la hiérarchie ecclésiastique, dont les abus avaient révolté tous les peuples : sous Édouard, la religion protestante devint aisément la dominante :

  1. Voltaire, tome XVIII, p. 477.