d’histoire à Toulouse. L’abbé Andra, qui en fut
chargé, se servit de l'Essai sur l'esprit et les mœurs des Nations, dont il eut soin de retrancher les faits qui pouvaient rendre la tyrannie du clergé trop odieuse, mais il conserva les principes de raison et d’humanité qu’il croyait utiles. Le bas clergé de Toulouse jeta de grands cris. L’archevêque, intimidé,
se crut obligé de se joindre aux persécuteurs de
l’abbé Andra. Le clergé de France avait dressé, vers
le même temps (en 1770), un avertissement aux
fidèles contre l’incrédulité. C’était un ouvrage
très-curieux, où l’on établissait qu’il n’y avait rien de plus agréable que d’avoir beaucoup de foi ; et que
les prêtres avaient rendu un grand service aux
hommes en leur prenant leur argent, parce qu’un
homme misérable, qui meurt sur un fumier, avec
l’espérance d’aller au ciel, est le plus heureux du
monde. On y citait avec complaisance, non-seulement
Tertullien, qui, comme on sait, est mort hérétique
et fou, mais je ne sais quelles rapsodies d’un
rhéteur, nommé Lactance, dont on faisait un père
de l’Église. Ce Lactance, à la vérité, avait écrit qu’on ne peut rien savoir en physique ; mais en même
temps il ne doutait pas que le vent ne fécondât les
cavales, et il expliquait par là le mystère de l’incarnation. D’ailleurs, il s’était rendu l’apologiste des assassinats par lesquels la race abominable de Constantin reconnut les bienfaits de la famille de Dioclétien. En adressant cet ouvrage aux fidèles de son diocèse, l’archevêque de Toulouse insista sur le scandale qu’avait donné le malheureux professeur d’histoire.
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NOTES