droit de chaque citoyen. Bardin protesta contre les
réponses extrajudiciaires qu’il avait faites aux conseillers d’État. Ses protestations ne furent pas écoutées. Luynes sollicita ouvertement tous les juges.
Ceux qui résistèrent à la corruption, crurent être
obligés, pour le sauver, de le condamner à un bannissement ; exemple qu’imitèrent depuis les juges du
surintendant Fouquet. Cependant déjà une voix de
plus l’avait condamné à la mort, lorsqu’un des
juges s’évanouit ; revenu à lui, on le ramena dans
l’assemblée : « Messieurs, dit-il, vous voyez en quel
état j’ai été : Dieu m’a fait voir la mort, qui est une
chose si horrible et si effroyable, que je ne puis me
porter à condamner un innocent comme celui-ci de
qui il s’agit. J’ai oui quelques opinions qui vont au
bannissement ; s’il y en a quelqu’une plus douce, je
prie le conseil de me le dire, afin que j’en sois.»
Alors les jeunes conseillers revinrent presque tous à
l’avis du bannissement ; le président de Bercy, seul
parmi les présidents, se joignit à eux, et Bardin fut
sauvé.
Dans le temps de la destruction des jésuites, on eut en France une légère velléité de perfectionner l’éducation. On imagina donc d’établir une chaire
- ↑ Voltaire, tome XVII, p. 198.