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NOTES


la première action de son règne lui ayant mérilé le nom de juste, il doit faire rendre aux églises catholiques les biens des églises protestantes de Béarn. Ainsi l’on vit un évêque louer un prince d’avoir commis un assassinat, afin d’obtenir de lui la permission de commettre un vol.

Un homme, accusé d’avoir écrit un libelle contre Luynes, fut rompu vif ; un autre, qui en avait fait une copie, fut pendu.

On en roua un troisième, sous prétexte qu’il avait voulu assassiner la reine mère. Mais au contraire, c’était Luynes qu’il voulait assassiner ; il s’en était ouvert à un espion de Luynes, qui faisait semblant d’en être ennemi ; et pour ne pas rendre cet espion suspect au parti de la reine, Luynes imagina de substituer un projet contre la reine à un projet contre lui. On eut la précaution d’ordonner de brûler le procès de ce malheureux avec son corps. Il était prêtre, et l’espion qui le dénonçait était un homme de la cour.

On poursuivit avec fureur Bardin, secrétaire d’État sous Conchini. Enfermé à la Bastille, il fut interrogé par des conseillers d’État. Luynes montra ses réponses au conseiller du grand conseil, Lasnier, qui promit, d’après ces pièces, de faiie rendre un arrêt de mort contre Bardin : Lasnier et la Greslière furent nommés ses rapporteurs. Bardin demanda d’être renvoyé au parlement, en sa qualité de secrétaire du roi. On lui refusa son renvoi. Il est singulier qu’en France on crût alors avoir besoin d’un privilège pour demander ce qui, dans tous les pays, est le