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SUR VOLTAIRE.

pour le diable et de tristes jouissances. Ces gens, à force de causer entre eux, étaient-ils parvenus à rêver les mêmes extravagances ? Allaient-ils réellement à une assemblée où quelques fripons avaient disposé cet appareil magique et jouaient le rôle de diables ? C’est ce que Pierre d’Ancre aurait pu savoir, s’il avait été moins imbécile. Songeons que du temps de Henri IV, la vie, l’honneur, les biens des citoyens dépendaient de magistrats qui croyaient que le diable avait du sperme, que ce sperme était froid, et félicitons-nous de vivre dans un autre siècle.

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ANCRE (LA MARÉCHALE D’) [1].


L’avocat général Lebret m’a dit (au cardinal de Richelieu) que les imputations qu’on faisait à la défunte étaient si frivoles, el les preuves si faibles, que, quelques sollicitations qu’on lui fît, qu’il était nécessaire pour l’honneur et la sûreté de la vie du roi, qu’elle mourût, il ne voulut jamais donner ses conclusions à la mort, que sur l’assurance qu’il eut, par la propre bouche de Luynes, qu’étant condamnée, le roi lui donnerait sa grâce.

Elle mourut avec courage au milieu des larmes du peuple, dont son malheur, et l’avide cruauté de ses ennemis, avaient changé les sentiments.

Le 2 juin 1617, l’évêque de Mâcon, portant la parole au nom du clergé assemblé, dit au roi : que

  1. Voltaire, tome XXV, p. 220.