Page:Condorcet - Œuvres, Didot, 1847, volume 4.djvu/356

Cette page n’a pas encore été corrigée
342
NOTES


et tous deux du projet de troubler leur pays pour satisfaire leur ambition. Ils ne furent coupables que de trop de sensibilité aux outrages d’un sujet ingrat. Pourquoi ne pas apprendre à ceux que le récit de cet événement indigne ou attendrit, que le roi Charles-Emmanuel fut trompé lui-même, qu’il ne sut que lorsqu’il n’en était plus temps, et l’innocence des démarches de son père, et l’insolente cruauté de ses persécuteurs ? Pourquoi ne pas dévouer le vrai coupable au jugement de la postérité ?

Séparateur


AMOUR SOCRATIQUE [1].


On nous permettra de faire ici quelques réflexions sur un sujet odieux et dégoûtant, mais qui malheureusement fait partie de l’histoire des opinions et des mœurs.

Cette turpitude remonte aux premières époques de la civilisation ; l’histoire grecque, l’histoire romaine ne permettent point d’en douter. Elle était commune chez ces peuples avant qu’ils eussent formé une société régulière, dirigée par des lois écrites.

Cela suffit pour expliquer par quelle raison ces lois ont paru la traiter avec trop d’indulgence. On ne propose point à un peuple libre des lois sévères contre une action, quelle qu’elle soit, qui y est devenue habituelle. Plusieurs des nations germaniques

  1. Voltaire, tome XXXVII, p. 259.