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SUR VOLTAIRE.


femme qu'il tenait embrassée ; on la traîne dans une chambre voisine ; sa chemise déchirée l’exposait tout entière aux yeux des soldais. Victor consent enfin à se faire habiller ; on le porte dans une voilure ; il aperçoit en sortant les gardes de son fils, qu’on lui avait donnés, par honneur, les jouis précédents. Vous avez bienfait votre devoir leur dit-il. La voiture était entourée d’un détachement de dragons du régiment de son fils. On a pris toutes les précautions, dit-il en les reconnaissant, et il se laissa placer dans la voiture. Un colonel des satellites voulut y monter avec lui ; ce colonel était un homme de fortune. Victor le repoussa avec la main. Apprenez, lui dit-il, que, dans quelque état que soit votre roi, vous n'êtes pas fait pour vous asseoir à côté de lui. On le conduisit à Revole, dans une maison dont on avait fait griller les fenêtres, et où il était entouré de gardes et d’espions. Sa femme fut conduite dans la forteresse de Ceva, où l’on n’enfermait que des femmes perdues.

Le marquis Fosquieri, le marquis de Rivarol, deux médecins, un apothicaire, furent arrêtés pour achever de tromper le roi et pour en imposer au peuple ; mais bientôt après on fut obligé de les le lâcher. On ne trouva, dans la cassette du roi Victor, aucun papier qui annonçât des projets ; et trente mille livres, reste d’un quartier de sa pension, payé quelques jours auparavant, étaient tout son trésor. Tels avaient été les préparatifs de la prétendue révolution.

Louis XV, petit-fils du roi Victor, pouvait prendre