son père, à soulever, par cette violence, l’Europe
entière contre lui ? Il supposa que le roi Victor avait
formé le projet de remonter sur le trône, tirant parti
de quelques mots qui lui étaient échappés. Fosquieri,
gouverneur de Turin, avait été séduit, ainsi que le
marquis de Rivarol ; le roi Victor avait fait une tentative pour s’introduire dans la citadelle. Il avait eu des entretiens avec des médecins et des apothicaires
de la cour ; tout annonçait le complot le plus funeste.
Il fallait ou rendre ces complots inutiles, en
s’assurant de la personne de Victor, ou lui céder le
trône ; action qui, suivant ces indignes conseillas,
avilirait le roi Charles aux yeux de toutes les puissances, et le ferait regarder comme incapable de
régner. Cependant Mahomet II, qui remit deux fois
le trône à son père, avait laissé un assez grand nom.
Obsédé par ses ministres qui ne lui laissaient aucun
relâche, et qui tous étaient les instruments d’Orméa,
quoique jaloux de lui et le haïssant, le roi Charles
céda ; il ordonna d’arrêter son père.
Au milieu de la nuit, des grenadiers, les uns armés de baïonnettes, les autres portant des flambeaux, entrent dans la maison où était Victor ; on brise à coups de hache la porte de sa chambre qui se remplit de soldats. Il était couché avec sa femme. On lui signifie l’ordre de son fds ; dédaignant de parler aux officiers, il s’adresse aux grenadiers : Et vous, leur dit-il, chez-vous oublié le sang que j'ai versé à votre tête pour le service de l’État ? Ils ne répondirent que par leur silence ; s’obstinant à ne point obéir, on l’arrache de son lit et des bras de sa