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SUR VOLTAIRE.


écouta, les remercia de leur attention pour lui, mais refusa de croire qu’il dût leur confiance aux ordres de son fils ; il le traita, lorsqu’il le vit, avec la même humeur et la même dureté qu’il lui avait prodiguées dans son enfance, et ne cacha au marquis d’Orméa et à Delborgo, autre ministre alors uni avec d’Orméa, ni son mépris, ni sa haine, ni le désir qu’il avait de détromper son fils, et d’obtenir de lui leur disgrâce.

A son retour, le roi Charles revit son père ; il en fut encore plus maltraité. Il devait rester quinze jours avec lui. D’Orméa sentit que tôt ou tard Victor se rendrait maître de son humeur, et que sa perte serait le résultat d’une conférence paisible entre le père et le fils. Alors il cherche à effrayer le jeune roi, à lui persuader qu’il n’est pas en sûreté dans le château de son père ; que sa liberté est en danger, sa vie exposée à un mouvement de violence ; il le détermine à partir à cheval au milieu de la nuit. La reine le suit quelques jours après, et Victor lui-même part pour le Piémont avec sa femme ; il s’arrête à Montcarlier, et mande à son fils que, d’après le conseil qu’il lui avait donné de se rapprocher de Turin et de ne plus s’exposer au climat rigoureux de la Savoie, il a quitté Chambéry, et attend qu’il lui donne une nouvelle retraite. La première entrevue fut très-violente, et les menaces contre les ministres redoublèrent. D’Orméa vit qu’il n’avait plus à choisir qu’entre sa perte et celle du roi Victor ; mais comment faire consentir un fils, jeune, accoutumé au respect et à la crainte, à faire arrêter