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NOTES


Rome, qui avaient duré une grande partie de son règne, et d’obtenir d’elle un concordat plus favorable que Victor n’eût pu l’espérer. Il ne savait pas que d’Orméa ayant prodigué l’argent au cardinal Coscia (Cuisse), qui gouvernait Benoît XIII, Coscia avait fait lire un concordat au pape, et lui en avait fait signer un autre. Le marquis d’Orméa rappelé de Rome, et placé dans le ministère, forma dès son arrivée le projet d’être le maître. Il craignait peu les autres ministres, qu’il parvint bientôt à rendre suspects ou inutiles ; mais le roi Victor était un obstacle à son ambition ; on lui envoyait tous les jours un bulletin qui renfermait la note de tout ce que les différents bureaux avaient fait, et dans les affaires importantes, son fils paraissait ne décider que d’après lui.

L’hiver qui suivit son abdication, le roi Victor eut une attaque d’apoplexie dont il resta défiguré. Son fds n’alla point le voir, parce que lui-même s’y opposa ; mais il lui écrivit pour l’engager à choisir sa retraite en Piémont, plus près de Turin et dans un climat plus doux. Le bulletin avait été interrompu pendant la maladie de Victor, et on ne lui en envoya plus après sa convalescence. D’Orméa prit sur lui de cesser cet usage, éluda les ordres du roi Charles qui voulait donner à son père cette marque de respect, et finit par l’en dégoûter.

Le roi Victor fut irrité de ce procédé. Son fils se proposa de le voir à Chambéry, en allant aux eaux. Il lui envoya d’abord deux ministres lui rendre compte des affaires de leurs départements. Victor les