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SUR VOLTAIRE.


abattu par l'âge et par les infirmités. Il ne se trouvait plus ni la même activité pour le travail, ni la même netteté d’esprit ; il sentait qu’il n’avait plus la force de dompter son humeur.

Il avait toujours mené une vie simple, se montrant supérieur à l’étiquette de la grandeur, comme au faste et à la mollesse. Il imagina qu’il coulerait des jours tranquilles dans sa retraite avec la marquise de Saint-Sébastien, dame d’honneur de la princesse de Piémont, qu’il prit la résolution d’épouser. Il n’avait jamais été son amant, et elle avait quarante-cinq ans ; mais, souvent trompé par des femmes, il avait des preuves de la vertu de madame de Saint-Sébastien, et avait pris insensiblement du goût pour elle dans de fréquents tête-à-tête, où ils examinaient ensemble les plus secrets détails du ménage du prince, sur lesquels un violent désir d’avoir de la postérité donnait au loi Victor une curiosité singulière. Il ne mit point madame de Saint-Sébastien dans la confidence de son abdication, l’épousa en secret le 12 août 1730, et abdiqua le 3 septembre, ne se réservant qu’une pension de cinquante mille écus.

Il recommanda à son fils le prince de Saint-Thomas, ancien ministre, sujet fidèle et bon citoyen ; Rebender, général allemand, qu’il venait de faire maréchal ; et le marquis d’Orméa, alors ambassadeur à Rome. D’Orméa était un homme sans naissance, que Victor-Amédée, qui lui trouvait de l’adresse, avait tiré de la misère. Ce ministre lui avait rendu le service de terminer des différends avec la cour de