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NOTES

Il mourut à dix-sept ans. Sa mort plongea son père dans un désespoir qui fit craindre pour sa vie. Cependant son courage triompha de sa douleur. Il s’occupa de son second fils, que jusque-là il avait négligé et traité même avec dureté, parce que l’extérieur peu avantageux de ce prince l’humiliait, et que sa douceur et sa timidité naturelles, qualités trop opposées au caractère impétueux du roi Victor, lui paraissaient annoncer un défaut d’activité et de courage. Il donna cependant tous ses soins à l’instruction de ce fils, le seul qui lui restât ; sans cesse il s’occupait à passer en revue ou à faire manœuvrer ses régiments, à lever le plan de toutes ses places ; il lui fit apprendre tous les détails des manufactures établies dans ses États, lui développa tous ses projets de finance et de législation, les motifs de ce qu’il avait fait, le succès heureux ou malheureux de toutes ses tentatives pour rendre son pays florissant ; et lorsqu’il le crut assez instruit, il le fit travailler avec lui dans toutes les affaires, n’en décidant aucune qu’après l’avoir discutée avec le prince Charles. Mais il continuait de le traiter avec la même dureté, ne lui laissant aucune liberté, pas même après son second mariage, celle de vivre à son gré avec sa femme. Vers la fin de 1729, Victor forma le projet d’abdiquer ; il croyait son fils en état de gouverner : l’Europe était en paix. L’on pouvait espérer que cette paix durerait quelques années ; et il ne voulait pas exposer son État à n’avoir pour chef, pendant la guerre qu’il prévoyait pour un temps plus éloigné, qu’un jeune prince encore sans expérience ou un vieillard