Page:Condorcet - Œuvres, Didot, 1847, volume 4.djvu/345

Cette page n’a pas encore été corrigée
331
SUR VOLTAIRE.

Philippe V défendit la publication du décret. Alors les inquisiteurs déclarent que leur conscience ne leur permet point d’obéir. Guidice offre de se démettre de sa place de grand-inquisiteur, ne pouvant, disait-il, concilier son respect pour le roi avec son devoir ; mais il s’arrangea pour faire refuser sa démission par le pape.

Albéroni venait de conclure le mariage de Philippe V avec la princesse de Parme ; il croit qu'il est de son intérêt de s’unir avec Guidice. Tous deux déterminent la nouvelle reine à chasser honteusement la princesse des Ursins ; Orri, qui gouvernait sous elle, est renvoyé en France. Macanaz est forcé de s’enfuir, et le petit-fils de Henri IV soumet sa couronne au saint office. Ce fut sous ces aupices qu’Albéroni entra dans le ministère.

Le jésuite Robinet, confesseur du roi, n’avait pas désapprouvé Macanaz ; il avait même dit à son pénitent que ce ministre n’avançait, dans son mémoire, que des principes avoués en France ; qu’on pouvait les adopter sans blesser la conscience : il perdit sa place, et l’on vit disgracier un jésuite pour n’avoir pas été assez fanatique.

Daubenton, plus digne d’être l’instrument d’Albéroni, fut appelé pour diriger la conscience de Philippe V.

Le cardinal Guidice se crut maître de l’Espagne ; mais Albéroni, qui avait apprécié son ambition et son incapacité, brisa bientôt un appui devenu inutile, et Guidice alla intriguer à Rome contre le roi d’Espagne, de qui il tenait sa fortune.