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SUR VOLTAIRE.

[1] On a ignoré jusqu’à ces dernières années la cause de l’observation si ancienne, que la présence de lair est nécessaire pour que les corps puissent brûler. C’est depuis peu qu’on a découvert qu’une espèce d’air, le seul dans lequel la vie des animaux se conserve, est aussi le seul dans lequel les corps puissent brûler ; que dans la combustion il y a une grande quantité de cet air qui est absorbé et qui se combine, soit avec les parties fixes du corps inflammable, soit avec les parties volatiles ; que le feu s’éteint du moment où cet air, en se combinant, cesse de favoriser le dégagement de la matière ignée ; qu’un courant d’air augmente le feu, parce qu’il facilite ce dégagement, en multipliant le nombre des parties de cet air qui touchent le corps embrasé ; en sorte qu’en soufflant avec un courant de cet air, dans son état de pureté, on donne au feu une activité prodigieuse. Une masse d’air de l’atmosphère ne contient qu’environ un quart de cet air ; la combustion, la respiration l’absorbent, d’autres opérations de la nature le restituent. Sans cet équilibre, les animaux terrestres cesseraient bientôt de vivre. Il se dégage en grande quantité du nitre par la destruction de l’acide nitreux dont il paraît une des parties ; c’est à la production rapide de cet air, et à sa propriété de détonner, quand il est mêlé avec l’air inflammable, qu’il se dégage des corps qui brûlent, que l’on doit attribuer les effets terribles de la poudre à canon, et en général de toutes les combinaisons semblables.

  1. Voltaire, tome XXXI, p. 316.
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