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SUR VOLTAIRE.

ment, et que les exemples ne font qu'augmenter. M. D’Alembert écrivait : affaire ; et M. de Voltaire : à faire. Cette dernière façon parait préférable, en ce qu’elle peut également s’employer par rapport aux lieux et par rapport aux personnes. Faire, est une de ces expressions vagues et générales comme le mot chose, qu’on substitue à des mots plus précis, comme : j’ai a plaider à Rouen, j’ai à parler à Simon. On pourrait dire aussi, j’ai affaire à Rouen, par syncope, en sous-entendant une ; mais on ne peut pas dire dans ce sens : j’ai une affaire à Simon.

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AFFAIRES CRIMINELLES.
Sur le danger d’abandonner à la prudence des juges les cas particuliers qui se rencontrent dans les affaires criminelles[1].


Il y aura toujours beaucoup moins d’inconvénients à laisser un crime impuni qu’à condamner à une peine capitale sans y être autorisé par une loi expresse. On ôte à la punition le seul caractère qui puisse la rendre légitime, celui d’être infligée pour le crime, et non décernée contre tel coupable en particulier. Une loi qui permet à un juge de punir de mort, lui assure l’impunité s’il use de cette permission, mais elle ne le disculpe point du crime de meurtre. Comment, d’ailleurs, imaginer qu’un crime grave soit tellement nuisible à la société, que l’existence du coupable soit dangereuse, et que cepen-

  1. Voltaire, tome XXIX, p. 234.