prendre aux hommes la connaissance de leurs droits.
Dans la démocratie, le gouvernement tendra à conserver
l’égalité entre les citoyens ; il évitera ce qui la
blesserait de droit ; on ne la violera que par des
formes qui paraissent la conserver. Le monarque
d’une nation ignorante, qu’on appelle despote, respectera les usages et les préjugés, sera sévère contre les subalternes qui abusent de leur pouvoir, contre ceux qui troublent l’ordre. Dans une monarchie où il y a beaucoup de distinctions, on les emploiera
pour attacher tous les hommes riches au gouvernement,
et l’on fera tomber sur le peuple tout le poids
de l’autorité et du pouvoir ; on ménagera plus les
fantômes de l’orgueil que les droits réels des citoyens.
Le principe est toujours le même, l’intérêt, qui
force à respecter l’opinion générale, qui produit un
gouvernement plus ou moins sage à mesure que le
peuple est plus éclairé et a moins de préjugés. Mais
dans tout gouvernement, c’est la crainte qui contient
le peuple ; c’est l’honneur qui est le principal mobile
des actions de ceux qui, n’étant point occupés de
leur subsistance, le sont davantage de leur vanité ;
c’est la vertu qui inspire un très-petit nombre
d’hommes, très-rares dans tous les pays et dans
tous les siècles.
Ce que nous venons de dire nous paraît propre à faire entendre ce qui a pu donner à Montesquieu l’idée de ses trois principes, et à montrer en même temps que cette distinction est inutile et peu fondée.