clergé, les corps de magistrature, dès les premières
livraisons, sans parler d’une foule de libelles obscurs
par lesquels on espérait renverser l’entreprise en
lui ôtant la faveur du public ; si l’on fait attention
aux accidents de tout genre qui arrivent dans des
établissements considérables, tels que ceux-ci qu’il
a fallu créer à très-grands frais dans des lieux où
tous les secours manquaient, on sera surpris sans
doute que cette collection de soixante-dix volumes
in-8°, et de quatre-vingt-douze volumes in-12°, n’offre pas un plus grand nombre de fautes, et qu’on ait atteint, dans l’exécution typographique, une perfection peu commune, même dans les petits ouvrages
exécutés en France.
Nous devons rendre ici cette justice aux éditeurs, qu’ils n’ont épargné ni soins ni dépenses pour remplir l’attente du public. Ils ont sacrifié des volumes entiers, déjà imprimés, plutôt que d’ajouter, par forme de supplément aux matières anciennes, les nouvelles qui survenaient trop lard, pour le recueil des épitres, des lettres, et pour plusieurs autres parties de cette immense collection. Le noble motif de rendre à l’auteur un hommage digne de lui, les a seul soutenus dans le cours de cette longue et très-épineuse carrière ; et ce n’est pas là faire une opération de finance, comme quelques libellistes les en ont accusés lâchement !
Quelle spéculation en effet que le courage d’imprimer, à ses frais, la collection complète des Œuvres de Voltaire, hors de la France et sans appui, et de l’y faire entrer à travers des persécutions de tous