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MÉMOIRES SUR VOLTAIRE.


des hommes de lettres dont Voltaire a été le maître et le modèle, n’a plus hérité de la justesse et de la pureté de son goût, et ne s’est montré plus digne, par ses propres ouvrages, de louer en lui l’écrivain et le poète.

Autrefois chaque auteur mettait bonnement, à la tête de ses livres, les éloges en vers que ses amis s’étaient hâtés d’en faire d’avance ; et depuis peu on a grossi les éditions de plusieurs écrivains célèbres d’un fatras de critiques, de réfutations et d’apologies. Nous sommes loin d’approuver ces petites ruses de la vanité des auteurs et de l’avarice des éditeurs ; mais il n’est pas moins vrai que les ouvrages dont un homme célèbre est l’objet sont mieux placés dans la collection de ses œuvres, lorsque le nom de leur auteur, ou leur mérite réel, les en rend dignes, que dans les œuvres de ceux mêmes qui les ont faits. C’est un défaut, dans un ouvrage, d’être plus recherché pour l’auteur que pour le sujet. Cela prouve ou que le sujet a été mal choisi, ou que l’auteur l’a traité avec plus de prétention que de raison ou de goût.

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MÉMOIRES
POUR SERVIR A LA VIE DE M. DE VOLTAIRE, ÉCRITS.
PAR LUI-MÊME.


Nous imprimons ici ces mémoires singuliers, dont une partie seulement a été refondue dans les Commentaires sur la vie et les ouvrages de l'auteur de la Henriade.