ne pouvait que devenir un grand loi : et l’on sent
que le philosophe qui prenait plaisir à s’enfoncer
dans les ténèbres de la métaphysique de Wolff, dans
le temps qu’il apprenait de M. de Voltaire l’art si
difficile, pour un Français même, de faire des vers
français, ne se serait occupé que du soin de gouverner
et d’éclairer ses sujets, si le sort, en le plaçant
à la tête d’une puissance naissante et encore faible,
ne l’eût forcé de combattre pour sa propre indépendance.
Ces lettres renferment de plus des leçons qui seront peut-être utiles aux souverains, parce qu’ils les recevront d’un de leurs égaux. Un prince peut rougir d’être éclairé sur ses intérêts et sur ses devoirs pai-un philosophe qui n’a que du génie et de bonnes intentions ; mais aucun ne dédaignera d’apprendre quelque chose du vainqueur de Dresde et de Lissa.
Cette correspondance entre deux philosophes illustres, liés pendant trente années par une amitié sans nuages, n’est pas un monument moins précieux que celle de M. de Voltaire avec Frédéric et Catherine II. On y verra avec quelle suite et quel zèle ils ont réuni, en faveur du progrès des lumières, leurs efforts toujours constants et souvent heureux ; combien peu ils étaient occupés de leur amour-propre,