Cette correspondance entre les deux hommes les plus éclairés peut-être que la nature ait produits sur le trône et dans les lettres, est une des parties les plus piquantes de la nouvelle édition des Œuvres de Voltaire : elle commence en 1736 et finit en 1778. Nous ne préviendrons pas les réflexions que celte lecture fera naître : pour qu’elle soit intéressante, il suffit qu’elle puisse servir à faire mieux connaître deux grands hommes.
L’un des deux, sans doute, est bien connu comme roi ; par sa politique hardie et sage, où son habileté consiste surtout à n’être jamais fin ; par des victoires qu’il n’a dues souvent qu’à lui seul ; par son génie dans l’art militaire, qui l’a élevé peut-être au-dessus de tous les généraux ; par l’exemple unique en Europe, depuis Charlemagne et Gustave-Vasa, d’un prince qui gouverne réellement par lui-même toutes les affaires d’un grand État.
On connaît tout ce qu’il a fait pour la législation et l’administration de son pays. Des politiques ont blâmé quelques-uns de ses principes en ce genre, en le plaignant de les avoir crus nécessaires. Mais si le prince est connu, l’homme est presque ignoré : et c’est l’homme « n’on voit dans ces lettres, surtout dans celles qu’il a écrites dans sa retraite de Remusberg. Le prince qui les dictait à vingt-quatre ans