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L'HOMME AUX QUARANTE ÉCUS.


tous ceux qui ont dit ces vérités ont été utiles aux hommes, en leur apprenant que le bonheur était plus près d’eux qu’ils ne pensaient ; et que ce n’est point en bouleversant le monde, mais en l’éclairant, qu’ils peuvent espérer de trouver le bien-être et la liberté.

L’idée que la félicité humaine dépend d’une connaissance plus entière, plus parfaite de la vérité, et par conséquent des progrès de la raison, est la plus consolante qu’on puisse nous offrir ; car les progrès de la raison sont dans l’homme la seule chose qui n’ait point de bornes, et la connaissance de la vérité la seule qui puisse être éternelle.

L’impôt sur le produit des terres est le plus utile à celui qui lève l’impôt, le moins onéreux à celui qui le paye, le seul juste, parce qu’il est le seul où chacun paye à mesure de ce qu’il possède, de l’intérêt qu’il a au maintien de la société.

Cette vérité a été encore établie par les mêmes écrivains, et c’est une de celles qui ont sur le bonheur des hommes une influence plus puissante et plus directe. Mais si des hommes, d’ailleurs éclairés et de bonne foi, ont nié cette vérité, c’est en grande partie la faute de ceux qui ont cherché à la prouver. Nous disons en partie, parce que nous connaissons peu de circonstances où la faute soit tout entière d’un seul côté. Si les partisans de celte opinion l’avaient développée d’une manière plus analytique et avec plus de clarté ; si ceux qui l’ont rejetée avaient voulu l’examiner avec plus de soin, les opinions auraient été bien moins partagées ;