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L'HOMME AUX QUARANTE ÉCUS.


qui faisait la puissance législatrice co propriétaire toutes les possessions, pour dire que chaque homme, étant intéressé aux lois qui lui assurent la libre jouissance de sa propriété, devait payer proportionnellement sur son revenu pour les dépenses que nécessite le maintien de ces lois et de la sûreté publique.

Ces expressions nuisirent à des vérités d’ailleurs utiles. Ceux qui ont dit les premiers que les principes de l’administration des États étaient dictés par la raison et par la nature ; qu’ils devaient être les mêmes dans les monarchies et dans les républiques ; que c’était du rétablissement de ces principes que dépendaient la vraie richesse, la force, le bonheur des nations, et même la jouissance des droits des hommes les plus importants ; que le droit de propriété, pris dans toute son étendue, celui de faire de son industrie, de ses denrées, un usage absolument libre, étaient des droits aussi naturels, et surtout bien plus importants pour les quatre-vingt-dix-neuf centièmes des hommes, que celui de faire partie pour un dix-millionième de la puissance législative : ceux qui ont ajouté que la conservation de la sûreté, de la liberté personnelles, est moins liée qu’on ne croit avec la liberté de la constitution ; que, sur tous ces points, les lois qui sont conformes à la justice et à la raison sont les meilleures en politique, et même les seules bonnes dans toutes les formes de gouvernement ; qu’enfin, tant que les lois ou l’administration sont mauvaises, le gouvernement le plus à désirer, est celui où l’on peut espérer la réforme de ces lois la plus prompte et la plus entière ;