pour les jansénistes, qui n’étaient pas en état de les
entendre. On regrettera toujours qu’après avoir montré,
dans ces ouvrages, un des génies les plus profonds
qui aient existé dans les sciences, il ait fait aussi
peu pour leurs progrès. Oserions-nous dire que dans
ses autres livres il ne peut guère être considéré comme
un philosophe ? Le philosophe cherche la vérité, et
Pascal n’a écrit que des plaidoyers. Dans les Provinciales il attaque la morale des jésuites, mais on y chercherait en vain des détails sur l’origine de cette morale relâchée ; il lui aurait fallu dire que toutes les fois que la morale est dépendante d’un système religieux, et que des prêtres s’en sont rendus les interprètes et les juges, elle devient nécessairement exagérée et relâchée, fausse et corrompue.
Ses Pensées sont un plaidoyer contre l’espèce humaine ; ce n’est point, comme LaRochefoucauld, un observateur qui peint les hommes corrompus, parce qu’il les a vus tels à la cour, dans la guerre civile, dans une société occupée de galanterie et de vanité ; c’est un prédicateur éloquent qui veut effrayer son auditoire, pour le disposer à recevoir, avec plus de docilité, le remède qu’il doit lui présenter comme le seul qui puisse guérir un mal incurable. Pascal ne cherchait pas à connaître l’homme : voulant prouver qu’il est une énigme inexplicable, il semble craindre de trouver le mot de cette énigme. Toutes ces contrariétés, observées dans l’homme, doivent nécessairement exister dans tout être sensible, capable de réflexion et de raisonnement ; et il semble qu’il serait bien téméraire de demander ensuite