dégénèrent point en bêtes féroces, alors l’homme
éclairé, qui a un esprit juste et un cœur droit, se
mêlera-t-il à la troupe des imposteurs ? non, sans
doute ; il gémira d’être réduit à ne vivre que pour
lui-même. Une vie tranquille, inactive, deviendra
donc le partage de tous ceux à qui la nature aura
donné des talents et des vertus, et elle-même aura
rendu inutiles les plus beaux de ses dons.
Mais si l’erreur ne peut être d’une utilité générale, tout homme a le droit, tout homme est même strictement obligé de combattre ce qu’il regarde comme des erreurs. Ceux qui croient qu’un auteur se trompe en s’élevant contre les opinions générales, doivent le réfuter, mais en respectant ses intentions et sa personne ; toute démarche pour empêcher certains ouvrages d’être lus et de se répandre devient et un crime contre les droits de la raison humaine, et un aveu secret du peu de confiance qu’on a dans les preuves des opinions qu’on professe.
On trouvera, dans les différents écrits théologiques de M. de Voltaire, beaucoup de répétitions et quelques contradictions apparentes.
Ces contradictions n’ont d’autre cause que la liberté plus ou moins grande avec laquelle il a cru devoir se permettre d’établir ses opinions. Toutes les fois qu’un écrivain ne peut dire sous son nom tout ce qu’il croit être la vérité, sans s’exposer à une persécution injuste, les ouvrages qu’il publie doivent être lus et jugés comme des ouvrages dramatiques. Ce n’est point l’auteur qui parle, mais le personnage sous lequel il a voulu se cacher. L'obligation de dire