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PHILOSOPHIE GÉNÉRALE.


recherches qui seraient utiles, puisqu’elles conduiraient toutes à mieux connaître l’esprit ou le cœur humain, et les moyens de mieux diriger l’éducation, d’en étendre l’influence et les effets, de perfectionner et d’améliorer l’espèce humaine. Nous sommes donc bien éloignés de l’opinion si commune, qui fait regarder la métaphysique comme une science inutile, vaine, presque dangereuse pour les progrès de l’esprit humain.

Aux écrits de M. de Voltaire sur la métaphysique, succèdent les nombreux ouvrages dans lesquels il combat la religion chrétienne. Nous ne nous sommes permis aucune réflexion sur ce dernier objet.

Nous nous bornerons à observer que, s’il y a quelque vérité bien prouvée en morale, c’est qu’aucune erreur générale et durable ne peut être utile à l’espèce humaine, et que si une erreur particulière ou passagère peut l’être à quelques individus, ce n’est point l’ordre naturel des choses, mais les anciennes erreurs des hommes qu’il en faut accuser.

Cette vérité, et l’opinion qui fait regarder l’espèce humaine comme susceptible d’être perfectionnée, sont la base nécessaire de toute philosophie. Si, en effet, les hommes sont destinés à des alternatives éternelles de lumières et de ténèbres, de paix et de brigandage, de bon sens et de folie, dès lors l’homme de bien est réduit à s’abandonner à cet ordre nécessaire, et ses devoirs se borneront à rester dans le point où il se trouve placé, en y faisant le moins de mal qu’il lui est possible. Si l’erreur est nécessaire aux hommes, s’il faut les tromper pour qu’ils ne