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PHILOSOPHIE GÉNÉRALE.


perdre ; mais il sérail téméraire de fixer la limite de ce qui sera possible un jour.

La manière dont nos passions naissent, se développent, se changent en véritables habitudes, sont exaltées par l’enthousiasme, abandonnent leur objet pour s’attacher à ce qui ne peut être considéré que comme un moyen ; les effets de cette erreur qui n’est point seulement personnelle, mais qui embrasse quelquefois des siècles et des nations entières ;

La nature de l’évidence, de la probabilité, et les moyens d’en évaluer les différents degrés dans les différents genres de nos connaissances ;

La véritable origine de nos idées morales ; le degré de précision dont elles sont susceptibles ; les vérités générales et indépendantes de l’opinion qui en résultent ; la méthode de tirer de ces vérités des conséquences qui embrassent toute l’étendue de la législation et de l’administration politique, sans presque rien laisser d’arbitraire à décider par des vues d’utilité particulière ou d’intérêt local et passager ;

Les phénomènes de la mémoire et de la liaison des idées, sur lesquels il nous reste encore tant de choses à découvrir ;

La différence qui sépare, par des nuances infiniment petites, l’état de veille, celui de sommeil, le sommeil plus profond des rêves, la méditation même de l’état de veille ordinaire où l’âme est ouverte aux impressions des objets extérieurs ; les phénomènes que présentent ces différents états, qu’il faut comparer avec ceux d’évanouissement, d’apoplexie, de mort apparente ;