Page:Condorcet - Œuvres, Didot, 1847, volume 4.djvu/295

Cette page n’a pas encore été corrigée
281
PHILOSOPHIE DE NEWTON.

Madame du Châtelet était en France à la tête des Leibnitziens ; l’amitié n’empêcha point M. de Voltaire de combattre publiquement son opinion ; et cette opposition n’altéra point leur amitié.

L’ouvrage qui suit est un extrait ou plutôt une critique des institutions physiques de cette femme célèbre : c’est un modèle de la manière dont on doit combattre les ouvrages de ceux que l’on estime : les opinions y sont attaquées sans ménagement ; mais l’auteur qui les soutient y est respecté. Il serait difficile que l’amour-propre le plus délicat fût blessé d’une pareille critique.

L’extrait de la pièce sur le feu est plus un éloge qu’une critique. Les opinions de madame du Châtelet s’éloignaient moins de celles de M. de Voltaire.

La Dissertation sur les changements arrivés dans le globe parut sans nom d’auteur, et l’on ignora longtemps qu’elle fût de M. de Voltaire. M. de Buffon ne le savait pas, lorsqu’il en parla dans le premier volume de l'Histoire naturelle avec peu de ménagement. M. de Voltaire, que les injures des naturalistes ne ramenèrent point, persista dans son opinion. Au reste, il ne faut pas croire que les vérités d’histoire naturelle, que M. de Voltaire a combattues dans cet ouvrage, fussent aussi bien prouvées dans le temps où il s’occupait de ces objets, qu’elles l’ont été de nos jours.

On donnait gravement les coquilles fossiles pour des preuves, des médailles du déluge de Noé ; ceux qui étaient moins théologiens les faisaient servir de base à des systèmes dénués de probabilité, contre-