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PHILOSOPHIE DE NEWTON.


qu’ils auraient dû faite avec encore plus de raison pour deux au moins des ouvrages couronnés. L’Académie, à la demande des deux auteurs, fil imprimer ces pièces dans le recueil des prix, à la suite de celles qui avaient partagé ses suffrages.

On doit remarquer surtout, dans l’ouvrage de madame du Châtelet, l’idée que la lumière et la chaleur ont pour cause un même élément, lumineux lorsqu’il se meut en ligne droite, échauffant quand ses particules ont un mouvement irrégulier : il échauffe sans éclairer, lorsqu’un trop petit nombre de ses rayons part de chaque point en ligne droite, pour donner la sensation de lumière ; il luit sans échauffer, lorsque les rayons en ligne droite, en assez grand nombre pour donner la sensation de lumière, ne sont pas assez nombreux pour produire celle de chaleur. C’est ainsi que l’air produit du son ou du vent, suivant la nature du mouvement qui lui est imprimé.

On trouve aussi dans la même pièce l’opinion que les rayons différemment colorés ne donnent pas un égal degré de chaleur : madame du Châtelet annonce ce phénomène, que M. l’abbé Rochon a prouvé depuis par des expériences suivies.

Madame du Châtelet admettait enfin l’existence d’un feu central ; opinion susceptible d’être prouvée par des observations et des expériences, mais que, dans ces derniers temps, un assez grand nombre de physiciens ont mieux aimé admettre qu’examiner, parce qu’il est très-commode, quand on fait un système, d’avoir une si grande masse de chaleur à sa disposition.