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PHILOSOPHIE DE NEWTON.


physique, quoiqu’il sût tous les faits connus de son temps, et même toutes les opinions des physiciens, parce qu’il ne songea point à faire des expériences nouvelles. Il est le premier qui ait imaginé une théorie générale de la terre, formée d’après les faits observés, et non d’après des dogmes de théologie, et cet essai est fort supérieur à tout ce que l’on a fait depuis en ce genre.

Son génie embrassa toute l’étendue des connaissances humaines ; la métaphysique l’entraîna ; il crut pouvoir assigner les principes de convenance qui avaient présidé à la construction de l’univers. Selon lui, Dieu, par son essence même, est nécessité à ne point agir sans une raison suffisante, à conserver dans la nature la loi de continuité, à ne point produire deux êtres rigoureusement semblables, parce qu’il n’y aurait point de raison de leur existence : puisqu’il est souverainement bon, l’univers doit être le meilleur des univers possibles ; souverainement sage, il règle cet univers par les lois les plus simples. Si tous les phénomènes peuvent se concevoir, en ne supposant que des substances simples, il ne faut pas en supposer de composées, ni par conséquent d’étendues, susceptibles d’une division indéfinie. Or des êtres simples, pourvu qu’on leur suppose une force active, sont susceptibles de produire tous les phénomènes de l’étendue, tous ceux que présentent les corps en mouvement.

Quelques êtres simples ont des idées, telles sont les âmes humaines ; tous seront donc susceptibles d’en avoir ; mais leurs idées seront distinctes ou