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PHILOSOPHIE DE NEWTON.


M. de Voltaire. Quarante ans auparavant, la philosophie de Descartes était proscrite dans les écoles de Paris ; et l’exemple de ce qui était arrivé n’avait point suffi pour apprendre que c’était en vain qu’on s’opposait aux progrès de la raison, et que, pour juger Newton comme Descartes, il aurait fallu du moins se mettre en état de les entendre.

L’ouvrage de M. de Voltaire fut utile ; il contribua à rendre la philosophie de Newton aussi intelligible qu’elle peut l’être pour ceux qui ne sont pas géomètres.

Il n’eut garde de chercher à relever ces éléments par des ornements étrangers ; seulement il y répandit des réflexions d’une philosophie juste et modérée, présentées d’une manière piquante, caractère commun à tous ses ouvrasses.

11 s’éleva toujours contre cet abus de la plaisanterie dans les discussions de physique. L’ingénieux Fontenelle en avait donné l’exemple ; Pluche et Castel en faisaient sentir l’abus. Quelque temps après, M. de Voltaire fut obligé de s’élever également contre un autre défaut plus grand peut-être, la manie d’écrire sur les sciences en prose poétique. Cet abus est plus dangereux. Les mauvaises plaisanteries de Castel ou de Pluche ne peuvent qu’aniser les collèges et y perpétuer quelques préjugés ; l’abus de l’éloquence, au contraire, peut suspendre les progrès de la philosophie.

Trois philosophes partageaient alors en Europe l’honneur d’y avoir rappelé les lumières. Descartes, Newton et Leibnitz ; et ceux qui n’avaient point